Alors que je prends goût à me passer de frameworks (principalement à cause des courbes d'apprentissage et des éventuelles lourdeurs et/ou restrictions que cela impose, mais c'est une autre histoire), je cherchais la meilleure façon d'écrire des micro composants réutilisables.
Pour le JavaScript, j'ai commencé il y a bien longtemps par des extensions/plugins Prototype, puis peu de temps après, du plugins jQuery à la pelle. Souvent à tord puisque j'utilisais peut être 1% de la librairie en dépendance - exemple avec mon indicateur de chargement avec sémaphore ou encore mon plugin qui ouvre les liens externes avec du target blank automatique.
Je ne ferais plus jamais ça pour la simple raison du ratio "poids / % d'utilisation" de la dépendance.
Alors oui, utiliser jQuery a peut-être du bon. Mais s'en passer aussi. C'est faisable pour pleins de petites choses. Et c'est pas forcément difficile.
Car si je veux utiliser mon petit script qui ajoute des targets blank automatiquement, devoir inclure jQuery pour si peu, ça fait mal à mes kilobites.
En attendant la gestion de modules via ES6, il nous faut gérer aujourd'hui nos composants et dépendances à la main. Encore qu'on pourrait faire un transpiler pour utiliser cette syntaxe (ça existe déjà, il n'y a qu'à voir sur GitHub), mais là on ne ferait que créer une nouvelle définition de module.
Côté back-end, on a déjà ce qu'il faut en JavaScript avec la gestion
des modules en Node. Un simple
require('module')
va tenter de récupérer un module avec ce nom. Un module
n'est rien d'autre qu'un fichier JavaScript. Node va essayer de loader un .js
,
puis .json
et enfin .node
si besoin), qui lui même peut éventuellement
charger d'autres dépendances (les dépendances sont gérées localement) tout en
prenant en compte les packages NPM. Même si Node
n'implémente pas totalement CommonJS,
un projet de développement d'une API pour écrire des programmes en JavaScript
ailleurs que dans le navigateur, la façon de faire est assez proche.
L'idée de Browserify est d'amener cette façon de faire dans le navigateur.
À côté de ça, vous me direz qu'on a déjà RequireJS pour un résultat similaire.
RequireJS implémente l'API AMD (Asynchronous Module Definition), différent de l'API CommonJS. Cette API, dérivée de CommonJS, se veut adaptée au navigateur. Son principal atout étant le chargement des modules de manière asynchrone. En théorie, c'est super.
Sauf que dans la pratique (du moins quelque chose de simple et classique, disons pour l'exemple du petit JavaScript pour améliorer une page web, ou encore une simple single page webapp (SPA)) ce n'est pas forcément pertinent.
En effet charger des modules de manières asynchrones n'est forcément pas optimisé lorsqu'il s'agit de faire des pages qui se chargent rapidement. Il suffit de penser aux problématiques de débits selon la vitesse de la connexion au réseau (Edge, faible 3G...) et donc nombre de requêtes HTTP qui peuvent nous faire souffrir de gros ralentissement pour se rendre compte que cela peut poser problème.
En plus de cela, je trouve personnellement dégueulasse la façon de déclarer les modules AMD, mais ça ce n'est qu'un détail.
Comparons les différentes méthodes comme on nous les montre sur le site de RequireJS :
Le web aujourd'hui:
(function() {
var $ = this.jQuery;
this.myExample = function() {};
})();
AMD:
define(["jquery"], function($) {
return function() {};
});
CommonJS:
var $ = require("jquery");
exports.myExample = function() {};
AMD et CommonJS utilisent tout les deux une identification par chaîne de caractères. Il faut bien que ces chaînes soient déclarées quelque part.
Côté RequireJS (AMD), on doit éventuellement mapper toutes ces chaînes à la main, dans le fichier configuration. De plus la déclaration des dépendances se faisant dans l'entête du module, ça peut devenir lourd :
define([
"require",
"jquery",
"blade/object",
"blade/fn",
"rdapi",
"oauth",
"blade/jig",
"blade/url",
"dispatch",
"accounts",
"storage",
"services",
"widgets/AccountPanel",
"widgets/TabButton",
"widgets/AddAccount",
"less",
"osTheme",
"jquery-ui-1.8.7.min",
"jquery.textOverflow",
], function(
require,
$,
object,
fn,
rdapi,
oauth,
jig,
url,
dispatch,
accounts,
storage,
services,
AccountPanel,
TabButton,
AddAccount,
less,
osTheme,
) {
// ici le corps de la fonction
});
Bon vous me direz que si un module a autant de dépendances, il y a peut être un problème en amont et vous n'aurez pas tort.
Côté Browserify (CommonJS like), les dépendances externes proviennent (à la
base) de NPM. On a donc rien à mapper nul part. Puis pour avoir un module local,
il suffit de faire un require('./mon/module')
, et Browserify se chargera de
régler la dépendance (et je vous montre encore mieux après).
RequireJS propose un "optimizer", qui au final ne fait que supprimer son point fort: le côté asynchrone du téléchargement des modules. Du coup on se retrouve avec tout RequireJS dans la source ET toutes les dépendances avec le mapping. Il y a bien une façon de vraiment optimiser par bundle quand on cherche un peu dans la doc, mais ça n'est pas vraiment mis en avant. Il existe aussi Almond.js qui se veut être plus léger, mais du coup, utiliser RequireJS pour optimiser avec Almond, je ne trouve pas ça cohérent.
Si jusque là, Browserify vous intéresse (plus car les autres solutions ne vous intéressent pas), attaquons le corps du sujet.
Si vous souhaitez accéder à la commande via le terminal, la chose la plus simple à faire est d'installer le paquet en global.
$ npm install -g browserify
Si vous ne l'installez pas en global (sans l'option -g
, vous aurez la commande
accessible dans ./node_modules/.bin/browserify
). Mais selon votre workflow,
vous pouvez l'utiliser via une tâche
grunt-browserify ou
gulp-browserify.
Partons d'un simple fichier main.js
:
alert("Hello world !");
Sans aucune dépendance, ça n'a que peu de sens, mais c'est plus pour montrer un dernier point intéressant.
Je le compile avec la commande suivante:
$ browserify main.js -o bundle.js
J'obtiens le fichier suivant.
(function e(t, n, r) {
function s(o, u) {
if (!n[o]) {
if (!t[o]) {
var a = typeof require == "function" && require;
if (!u && a) return a(o, !0);
if (i) return i(o, !0);
throw new Error("Cannot find module '" + o + "'");
}
var f = (n[o] = { exports: {} });
t[o][0].call(
f.exports,
function(e) {
var n = t[o][1][e];
return s(n ? n : e);
},
f,
f.exports,
e,
t,
n,
r,
);
}
return n[o].exports;
}
var i = typeof require == "function" && require;
for (var o = 0; o < r.length; o++) s(r[o]);
return s;
})(
{
1: [
function(require, module, exports) {
alert("Hello world !");
},
{},
],
},
{},
[1],
);
On reconnaît notre ligne en plein milieu. Avec un ajout conséquent. Ça peut paraître beaucoup, mais c'est rien comparé à la source de RequireJS
Bon du coup partons avec un exemple peut être plus représentatif qu'on peut voir sur la homepage de Browserify.
var foo = require("./foo");
var gamma = require("gamma");
var n = gamma(foo(5) * 3);
var txt = document.createTextNode(n);
document.body.appendChild(txt);
Ici on aura en plus foo.js
module.exports = function(n) {
return n * 11;
};
Et le module gamma
qu'on a installé depuis NPM
$ npm i gamma
i
est l'alias de install
.
Avec la même commande que précédement (et donc le même ajout), Browserify va
parser l'arbre syntaxique abstrait (AST) des appels à require()
et va créer un
graph des dépendances du projet. Une fois ceci fait, il va simplement ajuster
les chemins et déclarer les fonctions mappées dans un object par leur
identifiant. Lorsqu'une fonction appelle require
, le petit bout de script
ajouté va se charger de retourner la dépendance.
Notez qu'on peut aussi simplement utiliser une redirection de sortie de commande pour gérer le fichier final:
$ browserify main.js > bundle.js
Du coup on a plus qu'à utiliser une simple balise <script>
pour incorporer ça
dans nos pages web.
<script src="bundle.js"></script>
Tant qu'à utiliser un outil, autant l'exploiter jusqu'au bout. Car pour
l'instant je n'ai parlé que de NPM. Que faire si mon module n'est pas sur NPM ?
Bon déjà je double check, car maintenant la plupart des librairies y sont
(jQuery, Backbone et Jean passe). Si ce n'est pas le cas, je pourrais toujours
faire npm i https//adresse.git
mais si le paquet n'a pas de package.json
avec le main
bien rempli, ça ne va pas forcément être le mieux.
Cela dit, si mon paquet est prévu pour Bower par exemple, il existe une
transformation prévue pour aider Browserify à résoudre les références aux
paquets pour les consommer depuis Bower: debowerify
. Dans le même esprit, on
va retrouver de nombreuses transformations telles que :
decomponentify
: pour consommer des
components,deamdify
: pour consommer des modules AMD,deglobalify
: pour consommer des modules qui utilisent des variables
globales,jadeify
: pour consommer des fichiers de templates jade,hbsify
: pour consommer des fichiers de templates handlebars,es6ify
: pour écrire du JavaScript ES6 (compilé en ES5),uglifyify
: appliquer uglify.Il existe plein d'autres transformations qui s'adapteront sûrement à vos besoins.
Du coup la ligne ultime pour consommer a peu près n'importe quel module :
browserify -t debowerify -t decomponentify -t deamdify -t deglobalify -t es6ify main.js > bundle.js
L'équivalent avec les tâches Grunt ou Gulp sera tout aussi simple via un tableau. Pensez bien à installer ces dépendances avant:
npm install debowerify decomponentify deamdify deglobalify es6ify --save
Consommer c'est bien, mais faire c'est mieux bien aussi.
Tout droit sorti de UMD (Universal Module Definition), voici un wrapper qui vous permettra de créer votre module compatible avec CommonJS, AMD et pour les projets old school !
(function(root, factory) {
if (typeof exports === "object") {
// CommonJS
module.exports = factory(require("b"));
} else if (typeof define === "function" && define.amd) {
// AMD
define(["b"], function(b) {
return (root.returnExportsGlobal = factory(b));
});
} else {
// Global Variables
root.returnExportsGlobal = factory(root.b);
}
})(this, function(b) {
// Ici votre module (fonction, objet, whatever...)
return {};
});
Il existe bien sur plusieurs façons de faire selon vos critères. À vous de choisir.
Maintenant vous allez pouvoir consommer et écrire des modules facilement, et sans vous prendre la tête.
Bisous.
PS: pour tester browserify en live, c'est sur requirebin.com.