Découverte de Preact

drazik
drazik 2017/12/21

Preact est une alternative à React. Plus précisément, voici sa description officielle :

Fast 3kB alternative to React with the same ES6 API.

Cette description semble alléchante au premier coup d'oeil. Si on peut avoir un React de 3ko, banco, on switch !

Pas si vite. L'API est la même, mais rien n'indique que Preact est un React qui tient dans 3 petits ko (bien que c'est ce qu'on peut parfois lire). Ça ferait bien longtemps que les ingénieurs de Facebook auraient réagit s'il était possible de faire en sorte que React soit si petit. Preact fait donc des compromis, des choix, et présente donc des différences avec React qu'il faut connaître et prendre en compte avant d'envisager de switcher.

Cet article est destiné aux gens qui connaissent déjà au moins un petit peu React. Tous les concepts liés à (P)React ne seront pas détaillés. Si vous ne connaissez rien à React, je vous invite à lire l'introduction à React.

Quelles sont les différences entre React et Preact ?

Les différences entre React et Preact peuvent être rangées dans deux catégories
ce qu'il "manque" à Preact, et ce qui est là, mais différent.

Ce qu'il "manque"

Premièrement, Preact se concentre uniquement sur le DOM. Cela signifie qu'il n'existe pas d'équivalent à react-native, react-vr ou tout autre renderer du côté de Preact. Celui-ci a pour but d'afficher du DOM le plus efficacement possible.

Cette spécialisation pour le DOM permet à Preact de ne pas avoir à implémenter le système de Synthetic Events utilisé par React. Ainsi, Preact peut se permettre d'utiliser simplement le système d'événements standard du navigateur. Il faut bien avoir cela en tête lorsqu'on a l'habitude de travailler avec React, car celui-ci corrige, ou du moins unifie certains comportements entre les navigateurs (notamment sur onChange). Des différences dans le comportement de votre app est donc à prévoir en cas de switch.

Preact n'embarque pas de gestion de validation des PropTypes. Partant du principe que celles-ci ne sont pas utilisées par tout le monde, la décision a été prise de ne pas les inclure dans le coeur de la bibliothèque.

Pour finir, Preact n'expose pas (encore, tout du moins) les nouvelles APIs de React 16 telles que React.Fragment (dont le support est prévu), ReactDOM.createPortal (la fonctionnalité existe tout de même sous une forme différente dans preact-portal) ou ReactDOM.hydrate.

Ce qui est différent

Preact utilise la bibliothèque hyperscript, qui est une version générique de React.createElement. Le résultat est le même, la signature de la fonction h() exposée par hyperscript étant la même que celle de React.createElement. Il faudra quand même indiquer au compiler qu'il doit utiliser cette fonction pour transpiler le JSX.

La méthode render() des composants reçoit toujours this.props et this.state en paramètres, ce qui permet de les destructurer directement dans les paramètres de la fonction, et ainsi de les traiter comme s'ils étaient eux-mêmes des paramètres.

Preact gère l'API context, mais il n'existe pas de contextTypes ni de childContextTypes (ce qui est raccord avec l'absence de propTypes). Tous les enfants reçoivent le context définit dans la méthode getChildContext() de leurs parents. Si plusieurs parents implémentent cette méthode, alors les descendants recevront un agrégat.

Dans Preact, props.children est un Array. On peut donc utiliser toutes les méthodes de Array.prototype dessus, sans avoir à passer par un équivalent de React.Children. Toutefois, certains patterns tels que le function as child nécessitent un peu de bricolage pour fonctionner.

Enfin, il est possible d'utiliser l'attribut class sur un noeud JSX. className est aussi supporté, mais vous ne vous prendrez plus d'erreur lorsque votre esprit se croira dans un fichier HTML et vous fera écrire class.

Comment démarrer un projet Preact ?

Pour démarrer sur de bonnes bases, le plus simple est d'utiliser preact-cli. C'est un outil en ligne de commande qui vous permet de créer toute la structure de base de votre application. Si vous connaissez create-react-app, alors vous aurez deviné que preact-cli est l'équivalent pour Preact.

Commençons par l'installer :

npm install -g preact-cli

Nous avons maintenant accès à la commande preact. Celle-ci s'utilise de la manière suivante :

preact create <template-name> <project-name>

<template-name> est le nom d'un template officiel (listé sur l'org GitHub preactjs-template) ou un repository GitHub contenant un dossier template (de la forme <username>/<repository>); et <project-name> est le nom du dossier dans lequel la structure du projet sera créée. Pour notre exemple, nous utiliserons le template default, et le nom test-preact pour notre projet :

preact create default test-preact

En utilisant le template default, nous obtenons une application qui embarque par défaut :

  • Du code-splitting pour chaque route
  • Votre page index.html prérendue pour un affichage le plus rapide possible
  • Un ServiceWorker prêt à l'emploi (score Lighthouse 100/100 à la génération de l'app, ce score est bien évidemment dépendant de ce que vous faites par la suite)
  • Des metas preload en fonction de vos URL
  • Des polyfills chargés uniquement si nécessaire

Il ne vous reste plus qu'à écrire votre app sur ces bases solides ! Pour information, le routing est géré par preact-router.

J'utilise React, je peux switcher sur Preact ?

Oui, et pour ça il y a deux possibilités : ajouter une couche de compatibilité, ou passer purement et simplement à Preact.

Rendre Preact quasi-compatible avec React en utilisant preact-compat

Le plus rapide est d'utiliser preact-compat. Ce module vient s'ajouter à Preact pour y ajouter une couche de compatibilité le rendant compatible avec preque n'importe quel module écrit pour React (tant que celui-ci n'utilise pas les quelques bouts d'API manquants). Pour cela, preact-compat expose l'ensemble de l'API de react et react-dom. Cela vous permettra de continuer à utiliser sereinement tous vos composants écrits spécifiquement pour React, ainsi que vous son écosystème.

Il faut donc l'installer, ainsi que Preact :

npm install --save preact preact-compat

Puis il faut ajouter des alias à votre système de build, afin que tous vos imports de react et react-dom soient reroutés vers preact-compat. Par exemple, pour webpack :

module.exports = {
    //... votre configuration webpack
    resolve: {
        alias: {
            "react": "preact-compat",
            "react-dom": "preact-compat"
        }
    }
}

Si vous n'utilisez pas webpack, votre système de build est très certainement listé sur la documentation.

Cette solution a l'avantage d'être très rapide à mettre en place. Toutefois, le principal avantage de Preact est son poids de seulement 3ko. En ajoutant preact-compat,vous ajouterez environ 2ko supplémentaires. Ce n'est pas énorme, surtout si on prend en compte les avantages que ce module apporte, mais il est possible de ne pas avoir à ajouter cette couche de compatibilité.

Passer complètement à Preact

Cette solution est un peu plus longue à mettre en place, mais si votre code n'est pas dépendant d'un module qui utilise des parties de l'API de React qui ne sont pas prises en compte par Preact, alors elle vous permettra d'obtenir le bundle le plus léger possible.

Premièrement, il faut installer Preact :

npm install --save preact

Puis il faut indiquer à votre compiler le pragma JSX qu'il doit utiliser. Pour babel, vous pouvez installer le plugin babel-plugin-transform-react-jsx :

npm instal --save-dev babel-plugin-transform-react-jsx

Puis indiquer le pragma JSX dans les options de ce plugin dans votre fichier .babelrc :

{
    "plugins": [
        ["transform-react-jsx", { "pragma": "h" }]
    ]
}

Même si vous connaissez React, cette histoire de pragma JSX pourrait ne pas vous évoquer grand chose. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous conseille de lire l'article suivant : WTF is JSX. Si vous utilisez React et n'avez jamais eu à configurer ce pragma, c'est parce que la plupart des compilers utilisent le pragma @jsx React.createElement par défaut.

Si vous utilisez une version de React qui n'est pas à jour, il est possible que votre codebase utilise l'ancienne syntaxe React.createClass(). Dans ce cas, il faut que vous installiez preact-classless-component, ou que vous passiez votre codebase dans le preact-codemod qui transformera vos composants en classes ES6. De même, il se peut que vous utilisiez des références par chaîne de caractères, qui ne sont pas supportées par Preact. Dans ce cas, il faudra les transformer en références fonctionnelles.

Il ne vous reste plus qu'à mettre à jour vos imports pour que ceux-ci pointent vers Preact. Voici un petit exemple :

import { h, Component, render } from "preact";

const Header = () => <header>Ma putain d'app</header>;

class App extends Component {
  render() {
    return (
      <div>
        <Header />
        <main>Hello, world !</main>
      </div>
    );
  }
}

render(<App />, document.getElementById("app"));

Voilà, vous avez maintenant une aperçu de ce qu'est Preact et des moyens à votre disposition pour l'utiliser. Facebook ne vous est plus d'aucune utilité, vous pouvez fermer votre compte.

Plus sérieusement, nous avons vu que Preact est en grande partie compatible avec React et peut presque le remplacer sur une app web. Cela nécessite tout de même un peu de travail et de vigilance, mais le switch est possible et peut vous permettre de faire économiser à vos utilisateurs le téléchargement de précieux ko.

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